With the Family

Vos questions sur With the Family ont répondu

Notre équipe d'experts en soins palliatifs est prête à répondre à vos questions sur With the Family

Q: Ma mère se meurt et mon père refuse d’en parler. Comment puis-je aider mon père à faire face à la maladie de ma mère?

Votre père trouve, probablement, que cette situation est très difficile et stressant. Les gens font face au stress différemment, et nulle approche n’est supérieure à une autre. D’ailleurs, les réponses des gens peuvent changer avec le temps. A ce moment, ils ne veulent pas, peut-être parler, mais ils peuvent s’ouvrir avec le temps.

Votre père n’est pas, peut-être, prêt à s’ouvrir maintenant. Les pères se sentent souvent qu’ils ont un rôle à jouer, et qu’ils doivent rester forts quand il y a des difficultés dans la famille. Votre père peut se sentir que rester silencieux est une forme de puissance et de courage en face de la mort de votre mère. Il peut avoir du mal à s’imaginer sa vie sans votre mère; il peut s’inquiéter de son avenir. Peut-être n’a-t-il jamais rencontré une telle situation, donc il se lutte avec sa conduite et de ce qu’il doit dire.

Une façon d’inviter votre père à s’ouvrir c’est de lui parler de vos propres sentiments. Laissez-le savoir que vous écouterez tout ce qu’il voudra dire. S’il voit que cela vous va quand il parle de la mort de votre mère, cela pourra lui dire que c’est acceptable pour lui d’en parler s’il le veut. Ceci peut ou ne peut pas marcher. Vous avez du moins ouvert la porte pour le laisser savoir que vous avez l’intention de l’écouter s’il veut en parler. Votre père doit décider quand il sera prêt à passer par la porte.

Si votre père ne répond pas à votre invitation, il n’est probablement pas producteur de continuer à la mentionner. A ce point-ci, soyez présent pour lui. C’est peut-être tout l’appui qu’il peut accepter maintenant. Les gens ont tendance à réagir au stress d’une personne mourante comme ils ont réagi à d’autres stress dans leur vie. Ceux qui ont répondu avec le silence au stress du travail, de la santé, ou des finances, répondent d’habitude de même avec le silence au stress de la doléance et de la perte.

Votre père peut avoir les amis ou une communauté de foi qui peut l’aider à s’ouvrir. Eux aussi peuvent le laisser savoir subtilement qu’ils sont là pour lui s’il veut en parler. Il vaudra la peine d’explorer si votre père a un tel réseau dans sa vie.

Des fois, la tristesse peut s’altérer et devenir une dépression. Faites attention aux signes que votre père ne mange pas, ne dort pas, ou qu’il a perdu un intérêt dans les choses qui autrefois lui donnaient du plaisir. Si vous notez ces choses, ou vous vous inquiétez de la santé physique ou mentale, laissez quelqu’un dans son équipe des soins médicaux le savoir. Quelqu’un qui est déprimé peut avoir besoin d’aide médicale pour en récupérer.

Q: Je sais que le patient a le droit de savoir ou de ne pas savoir s’il est en train de mourir, même si la famille n’est pas de son avis. Avez-vous des articles à suggérer ou des conseils à donner sur la manière d’aborder ce sujet délicat avec les membres de la famille?

Les questions entourant la mort ne sont pas toujours des sujets faciles à discuter pour les patients, les familles et les prestataires de soins. La mort n’est pas un sujet dont on parle très ouvertement dans notre société, de sorte que lorsque les circonstances les obligent à aborder ce sujet difficile, beaucoup de gens se sentent perdus ou inquiets ou ne savent trop par où commencer. Pour compliquer les choses, les façons de communiquer et de faire face à l’adversité varient d’un patient à l’autre, parfois en fonction de leur relation avec certaines personnes. Les membres de la famille ont parfois aussi des besoins et des styles de communication différents. Certains voudront peut-être parler des valeurs du patient, de ses croyances et de ses volontés (soit pour se sentir en paix avec la personne, soit pour avoir le sentiment de prendre des décisions conformes à sa volonté). D’autres n’auront peut-être pas envie de parler de la maladie du patient ou de sa mort prochaine (par peur ou parce que c’est ainsi qu’ils font face à l’adversité). Les prestataires de soins rendront un grand service aux familles en facilitant ces discussions difficiles. Cependant, aucune stratégie ni aucune ressource ne fonctionneront pour toutes les familles.

Lorsqu’une famille nous demande de cacher le diagnostic ou le pronostic au patient, notre devoir est de concilier la volonté de la famille avec le droit de savoir du patient. Pour ce faire, il nous faut prendre en considération l’incidence de la culture sur la famille. Dans certaines cultures, un membre de la famille est désigné pour prendre les décisions et servir d’interlocuteur. Comme prestataires de soins, nous devons chercher à comprendre l’influence que les valeurs culturelles peuvent avoir sur la situation d’un patient. Notre tâche n’est pas nécessairement aussi simple que de respecter le « droit » de savoir d’un patient. De plus, une famille peut avoir une « culture », une manière de fonctionner qui lui est propre. Si nous omettons d’en prendre acte, la famille sera peut-être moins bien disposée à notre endroit.

Comme professionnels de la santé œuvrant en soins palliatifs et de fin de vie, nous estimons qu’il revient aux patients d’orienter le plus possible les soins qui leur sont prodigués. Cela implique qu’on leur communique l’information et qu’on les fasse participer aux décisions. Les familles sont parfois réticentes à discuter du diagnostic d’un des leurs craignant que l’être aimé n’en perde espoir et se laisse aller. Nous savons toutefois que cette réticence ne fait pas le poids face au risque de se sentir isolé. Nous savons aussi que, face à l’adversité, l’espoir doit sans cesse être redéfini à mesure que les choses avancent. Nous pensons que l’espoir a toujours sa place, sous une forme ou sous une autre. L’espoir de guérir fait place à l’espoir de vivre le plus longtemps possible, à l’espoir de ne pas souffrir, à l’espoir de passer une bonne journée.

Une autre crainte souvent exprimée par les familles est que le fait de parler de quelque chose provoquera la chose en question. Par exemple, discuter du pronostic d’un patient aura pour effet d’attrister ou d’inquiéter le patient. En fait, ce sont souvent les membres de la famille qui ont peur de parler parce qu’ils sont eux-mêmes tristes et inquiets. En évitant de trop en parler, ils ont le sentiment de protéger le patient alors qu’en réalité ils se protègent peut-être eux-mêmes de leur propre douleur. Notre rôle, c’est d’en venir à comprendre ces sentiments et, tout doucement, d’aider les membres de la famille à déterminer ce dont ils peuvent et ne peuvent pas parler. Il est en outre important de négocier avec eux à savoir quand et comment ils veulent que nous informions leur proche malade de son état de santé.

Expliquez aux familles que les patients sont souvent conscients d’avoir un pronostic de fin de vie et que lorsqu’il leur est impossible d’en parler, ils en ressentent souvent des sentiments de peur et d’isolement. Voici une façon d’ouvrir le dialogue :

« Je comprends pourquoi vous n’avez pas envie d’informer votre mère de la gravité de sa maladie. Vous voulez la protéger et l’empêcher de perdre espoir. Mais si les rôles étaient inversés et que vous entendiez votre prestataire de soins dire à votre mère que vous êtes en phase terminale, comment vous sentiriez-vous? Vous comprendriez peut-être que votre mère veut vous protéger, mais vous seriez peut-être fâchée ou déçue qu’elle vous écarte. Et en étant écartée, vous pourriez peut-être difficilement participer à des discussions importantes sur vos soins ou sur ce que vous avez à faire avant de mourir. Vous pourriez aussi avoir l’impression qu’on vous juge incapable de faire face à la situation. »

Il y a une différence entre le droit de savoir et le droit d’accepter ou de refuser de savoir. Lorsque vient le bon moment de discuter de son état de santé avec le patient, on peut poser la question suivante pour amorcer la discussion :

« Il y a des gens qui veulent tout savoir sur leur maladie : leurs résultats de tests, leur pronostic, ce à quoi ils doivent s’attendre, etc. Il y en a d’autres qui préfèrent ne pas trop en savoir et qui, parfois, s’en remettent plutôt à leur famille. Dans quelle mesure voulez-vous connaître les détails de votre maladie et participer aux décisions? »

Sachez comment le patient perçoit son diagnostic et son pronostic, et comment il parle de sa maladie. Dire au patient qu’il ne lui en reste plus pour longtemps, qu’il est en phase terminale ou qu’il est en train de mourir n’est pas la meilleure façon de commencer une conversation à moins que le patient ne parle lui-même en ces termes. Si le patient n’a pas l’air prêt à parler de sa situation de fin de vie, vous pourriez peut-être commencer par lui faire remarquer qu’il est très malade et que les gens dans son état n’ont souvent pas le sentiment d’être eux-mêmes. Faites-lui entendre qu’il serait peut-être utile de parler de ce qui est important pour lui, notamment en ce qui concerne sa famille et ses amis intimes. Vous pourriez par exemple lui demander :

  • « Y a-t-il des choses particulières que vous aimeriez dire à vos proches? »
  • « Auriez-vous des directives à donner aux membres de votre famille à ce stade-ci? »

Si le patient répond affirmativement à ce genre de questions, tâchez de voir comment les préoccupations du patient pourraient être communiquées.
Les choses se passent différemment d’une famille à l’autre. Lorsque les membres d’une famille ne s’entendent pas à savoir si le patient devrait être informé de la gravité sa maladie, nous les encourageons à avoir des discussions ouvertes et franches entre eux et à prendre acte de l’état de santé du patient. Il s’avère souvent utile que l’équipe soignante organise un conseil de famille afin que tous puissent dire ce qu’ils pensent, poser leurs questions, faire part de leurs préoccupations et partagent l’information dans un climat serein.

Le conseil de famille offre aussi un moyen pour l’équipe soignante et la famille de s’entendre sur un projet de soins. Il permet d’affirmer que tout le monde partage le même objectif – le confort du patient – et d’en arriver à un consensus sur la manière d’atteindre cet objectif. Une telle rencontre permet aussi à la famille et à l’équipe d’en venir à comprendre et à respecter les opinions des uns et des autres et leurs façons respectives de communiquer et de faire face à l’adversité. L’organisation d’une telle rencontre peut paraître difficile, mais la présence de tous permettra possiblement d’épargner temps et énergie et d’améliorer les soins prodigués au patient en fin de vie.

Au bout du compte, notre rôle en tant que prestataires de soins n’est pas de « régler » quoi que ce soit avec les membres de la famille, mais de chercher à comprendre leur vécu, leurs valeurs et leurs volontés. Il nous revient de les renseigner et d’expliquer ce qu’il est possible de faire. Pour cela, il faut être honnête avec eux en ce qui concerne les attentes que nous pouvons satisfaire convenablement et négocier une autre solution pour celles que nous sommes incapables de satisfaire.

Voici quelques ressources consacrées aux communications avec les patients et les familles :


Références

Clayton JM, Butow PN, Tattersall MH. The needs of terminally ill cancer patients versus those of caregivers for information regarding prognosis and end-of-life issues. Cancer. 2005;103(9):1957-1964. Disponible sur Internet : http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/cncr.21010/full

Gueguen JA, Bylund CL, Brown RF, Levin TT, Kissane DW. Conducting family meetings in palliative care: themes, techniques, and preliminary evaluation of a communication skills module. Palliat Support Care. 2009;7(2):171-179.

King DA, Quill T. Working with families in palliative care: one size does not fit all. J Palliat Care Med. 2006;9(3):704-715.

Parker SM, Clayton JM, Hancock K, Walder S, Butow PN, Carrick S, et al. A systematic review of prognostic/end-of-life communication with adults in the advanced stages of a life-limiting illness: patient/caregiver preferences for the content, style, and timing of information. J of Pain & Symptom Manage. 2007;34(1):81-93.

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