Par : Glen R. Horst, M.Div., D.Min., B.A.
Il n'est pas toujours facile de savoir quoi dire à une personne mourante. Les conseils qui suivent peuvent s'avérer utiles à tout moment durant une maladie grave, mais en particulier lorsque la personne n'en a peut-être plus que pour quelques semaines ou jours.
Conseil no 1 : Laissez la personne mourante vous guider
C'est normal d'être nerveux lorsqu'on parle de la mort avec une personne qui vit ses derniers jours, surtout quand c'est une personne qu'on aime. Certaines personnes composent avec cette nervosité en s'exprimant de façon directe et franche. D'autres parlent peu ou pas par crainte de donner l'impression qu'ils ont perdu espoir. D'une manière ou d'une autre, on essaie de se protéger l'un et l'autre en ces temps difficiles.
S'il vous paraît urgent de parler de fin de vie avec la personne mourante, vous n'aurez peut-être pas la patience de discuter de choses ordinaires. L'humour et les rires pourraient vous déranger. En revanche, si la mort est un sujet qui vous embarrasse ou dont vous êtes mal à l'aise de parler, cela vous soulagera peut-être que la question ne fasse pas surface. Dans un cas comme dans l'autre, ce qui compte le plus, c'est de répondre aux besoins de la personne mourante. Au bout du compte, c'est elle qui décidera si elle veut parler de sa mort et, si oui, à quel moment et avec qui. Surveillez les indices qu'elle laissera échapper si elle est prête à en parler. Par exemple, elle pourrait faire allusion en passant à ses nouveaux symptômes ou à son absence à un événement à venir, ou encore annoncer qu'elle en a assez d'être malade ou qu'elle veut rentrer à la maison. Si vous croyez déceler de tels indices, vous pourriez lui demander « Tu veux m'en parler? » ou « Je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu veux dire ». Écoutez sa réponse et posez-lui d’autres questions pour vous assurer de bien comprendre.
Conseil no 2 : Si possible, montrez que vous savez que la fin est proche
Les personnes qui savent qu'elles vont bientôt mourir évitent parfois d'en parler jusqu'au dernier moment. Il est important de reconnaître que c'est leur choix légitime et de le respecter. Mais le plus souvent, les personnes mourantes se sentent respectées et soutenues lorsqu'on s'adresse à elles de façon ouverte et franche. Elles parleront peut-être de leurs symptômes : douleurs, gêne respiratoire, nausées, etc. Elles s'interrogeront peut-être sur ce qui les attend à l'approche de la mort. Plutôt que d'éviter ces questions, reconnaissez qu'il y a matière à s'inquiéter. Vous pourriez dire « Parle-moi de ce que tu ressens » ou demander « Qu'est-ce qui t'arrive, tu crois? » Vous pourriez ajouter « Ce serait important d'en parler avec ton médecin. Veux-tu que je t'aide à faire une liste de questions pour le médecin? »
Si vous invitez la personne à partager avec vous les informations qu'elle reçoit de l'équipe soignante, peut-être aurez-vous la possibilité de discuter ouvertement de l'évolution de sa maladie et de lui demander « Qu'est-ce que tu aimerais vraiment que je fasse pour toi maintenant? » (ou que d'autres proches et amis ou que l'équipe soignante fasse pour elle). Si la personne a du mal à répondre à la question, dites-lui ce que vous pourriez faire pour elle : être présent et l'écouter, faire des courses, donner un coup de main pour les travaux ménagers, etc.
Quand la personne n'en a plus pour très longtemps, ses proches et amis voudront peut-être venir la visiter. Dans ces instants de tendresse, il faut trouver l'équilibre entre les besoins de la famille et les volontés de la personne. Demandez-lui qui elle aimerait voir et combien de personnes à la fois elle se sent capable de recevoir. Si vous maintenez les désirs de la personne mourante au centre de l'attention, vous lui donnerez le sentiment d'avoir une certaine prise sur la situation en cette période de très grande vulnérabilité.
Quand les proches et amis commencent à se réunir, tout le monde comprend que la mort est peut-être imminente. Si la personne mourante s'interroge sur la raison de votre présence ou de celle des autres, dites-lui que vous voulez partager ces moments avec elle. Laissez-la vous aider à parler de ce qu'elle vit à l’approche de la mort. Des questions directes appellent des réponses simples et directes. Employez vos propres mots pour dire quelque chose comme « On dirait que ton passage sur cette Terre tire à sa fin ».
Demandez à la personne s'il y a quelqu'un à qui elle voudrait parler par téléphone, par internet ou en personne. Peut-être aimerait-elle une visite d'un chef religieux de son groupe confessionnel, ou du fournisseur de soins spirituels de son hôpital ou de sa maison de soins palliatifs.
Si vous sentez que vous avez encore des choses importantes à dire, inspirez-vous des conseils du Dr Ira Byock, médecin en soins palliatifs et auteur du livre Four Things That Matter Most. Les quatre conseils suivants font écho à ce que les personnes mourantes, prétend-il, veulent entendre de ceux qu'elles aiment.
Conseil no 3 : Exprimez vos regrets en disant « Je te demande pardon »
Il n'y a pas lieu de revenir sur des bisbilles ou des insultes. Toutefois, lorsqu'on se prépare à dire un dernier au revoir à une personne mourante, on peut regretter de lui avoir déjà dit ou fait des choses blessantes ou de l'avoir déçue d'une quelconque façon. Exprimez vos regrets en disant quelque chose comme « Je suis désolé de ce qui s'est passé entre nous. Je sais que j'ai quelque chose à voir avec ça et je voudrais m'en excuser. » Décrivez la situation ou l'incident en termes simples, puis dites « Je te demande pardon ».
Quelle que soit la réponse que vous obtiendrez, vous saurez que vous aurez fait ce que vous pouviez pour résoudre quelque chose qui n'allait pas dans votre relation.
Conseil no 4 : Effacez tout ressentiment en disant « Je te pardonne »
Si vous demandez pardon à la personne, ne vous surprenez pas si elle vous demande pardon à son tour. En disant « Je te pardonne », vous faites en sorte que le temps qui reste soit plus propice au rapprochement. Cela vous permettra peut-être aussi d'avoir l'esprit en paix après le décès de la personne.
Diverses raisons (attitude défensive, incompréhension, etc.) peuvent faire en sorte que la personne ne soit pas prête à reconnaître la blessure profonde qui marque votre relation. Vous pouvez néanmoins lui pardonner dans votre tête et votre cœur. Il vous faudra pour cela éteindre votre colère et étouffer tout désir de punir la personne pour le mal qu'elle vous a fait. Une femme a déjà fait cela à un proche parent qui avait abusé d'elle durant son enfance; elle lui avait murmuré « Je te pardonne » à l'oreille quelques instants avant sa mort. Comme il n'était plus en mesure de répondre, on n'a jamais su l'effet que cela lui a fait. Mais pour la femme, c'est un pas important à franchir pour se libérer du fardeau de sa douleur et de sa colère.
Conseil no 5 : Remerciez la personne pour ce qu'elle vous laisse
Remerciez la personne de ce qu'elle vous a apporté de bon pour lui faire savoir qu'elle a eu une influence marquante dans votre vie. Cela nourrira son sentiment de dignité en fin de vie.
Le rabbin Harold Kushner a écrit : « Je suis convaincu que ce n’est pas tant la peur de la mort, de la fin de notre vie, qui hante notre sommeil, mais plutôt la crainte que, pour le reste du monde, notre existence n'ait laissé aucune trace. » [Notre traduction] Les travaux du Dr Harvey Chochinov sur la dignité des personnes mourantes soutiennent cette idée. Un « merci » sincère et personnel vous permettra de soutenir la dignité de l'être cher et de lui dire que sa vie aura valu la peine d'être vécue.
Conseil no 6 : « Je t'aime » – Dites-le librement et souvent.
Il n'est jamais trop tard pour dire « Je t'aime » dans une relation. Si vous considérez la personne comme un « être cher », mais que vous n'avez pas l'habitude de lui déclarer votre amour, prenez un risque et surprenez-la. Cela pourrait transformer votre relation.
Conseil no 7 : N’attendez pas à la dernière minute pour dire au revoir
Lorsqu'une personne qui vous est chère est sur le point de mourir, tâchez de finir chacune de vos conversations comme si c'était la dernière fois que vous lui parliez. Une formule familière, du genre « À bientôt » ou « Il faut que j'y aille; on se reparle » pourrait vous amener à regretter de ne pas avoir dit autre chose. Pas besoin de grandes formules à l'eau de rose. Montrez seulement à la personne, par votre façon de lui dire au revoir, qu'elle comptera toujours pour vous.
Si vous partez pour quelque temps et que vous ne reverrez probablement plus la personne, vos adieux seront peut-être plus émouvants. Vous pourriez alors lui dire ouvertement que vous ne savez pas si vous vous reverrez un jour. Dites ce qui s'impose dans les circonstances. Rappelez-lui une fois de plus qu'elle compte pour vous. Faites-lui des adieux qui vous épargneront tout regret après son départ.
Conseil no 8 : Communiquez par le toucher
Quand vous conversez avec une personne mourante, vous vous touchez l'un et l'autre avec vos paroles. Et quand les paroles ne sont plus nécessaires ou possibles, vous pouvez continuer de communiquer par le toucher. Toucher doucement la main, l'épaule ou la tête de la personne mourante est une tendre manière de lui dire « Je suis là. Tu n'es pas seule. »
Continuez de parler à la personne mourante même lorsqu'elle n'est plus en mesure de vous répondre. Elle sentira votre présence et entendra votre voix.
Contenu revu en mai 2019