Quand la fin est proche

Par : Mike Harlos MD, CCFP, FCFP

Tour d’horizon

Aux derniers stades d’une maladie évolutive terminale, les patients et leurs proches sont confrontés à des changements et à des choix inhabituels, voire bouleversants. Ce texte explique ce à quoi on peut s’attendre à l’approche de la mort.

N’oubliez pas que, si le décès est attendu dans quelques heures ou jours, les soins viseront habituellement le maintien du confort du patient plutôt que la continuité des examens et des traitements. De plus, la famille voudra peut-être envisager la possibilité d’exécuter certains rituels religieux, spirituels ou culturels au moment du décès ou avant. Le cas échéant, il serait bien de prendre contact avec ceux qui voudront y participer et d’en informer l’équipe soignante.

Considérations générales

La progression de la maladie peut soulever certaines inquiétudes et certaines considérations. Il peut s’agir de la douleur en fin de vie, des choix difficiles qui s’imposent en matière de soins ou du dilemme vécu par les proches du mourant qui ne peuvent se rendre à son chevet.

Une grande inquiétude : est-ce que la douleur s’accentue à l’approche de la mort?

La douleur est l’un des symptômes les plus couramment observés chez les personnes atteintes d’une maladie grave. Il est tout naturel de craindre que la douleur s’accentue de manière constante et qu’elle soit difficilement contrôlable à l’approche de la mort. Certains pourraient penser : « Ma douleur est déjà vive et je ne suis pas près de mourir; qu’est-ce que ce sera à mes derniers jours? »

La télévision et le cinéma nourrissent cette perception. Mais la réalité est tout autre.

S’il est vrai que la douleur est un symptôme courant chez les malades avancés et qu’elle mérite toute l’attention et l’expertise des prestataires de soins, son évolution chez une même personne est généralement assez stable tout au long de sa maladie. Si la personne ne souffre pas, il est peu probable que les choses changent vers la fin de sa vie. Si ses douleurs ont pu être contrôlées, elles continueront sans doute de l’être plutôt que de s’accentuer de façon incontrôlable dans les derniers jours.

Des études ont montré que certains patients atteints d’un cancer avancé éprouvaient moins de douleur dans les dernières semaines de leur vie. Cette baisse de la douleur est peut-être due au fait que le processus de la mort est un processus d’arrêt, non d’accentuation. Le niveau d’énergie diminue, la vivacité d’esprit aussi, et les périodes de repos et de sommeil se font de plus en plus longues.

Évidemment, il y a des cas particuliers où une personne peut voir sa douleur s’accentuer dans les dernières semaines de sa vie, mais cela n’arrive pas si souvent. Dans pareilles situations, il est impératif que l’équipe soignante s’emploie activement à assurer le confort de la personne avec tout l’empressement et l’expertise possibles.

Voir aussi : La douleur

Choix difficiles à l’approche de la mort

À mesure que les changements que nous décrivons dans ce texte apparaissent dans les derniers jours ou les dernières heures d’une maladie progressive terminale, des choix difficiles pourraient se présenter. Faut-il donner à manger et à boire au malade? Doit-il recevoir des transfusions sanguines? Doit-on traiter les infections? Idéalement, les décisions en matière de traitement appartiennent au malade. S’il en est incapable, un membre de la famille ou un mandataire peut être appelé à décider pour lui. Certes, ce peut être une lourde tâche que de décider d’un test ou d’un traitement pour autrui, mais la plupart du temps, vous aurez une bonne idée des choix que la personne ferait si elle en était capable. Plutôt que de vous demander « Qu’est-ce que nous voulons pour lui/elle? », demandez-vous « Qu’est-ce qu’il/elle voudrait s’il/elle pouvait nous le dire? » Ce faisant, la personne qui doit décider respecte les valeurs et les croyances connues du patient au lieu de s’imputer la responsabilité des décisions en matière de soins.

Certaines familles penseront que ces décisions pourraient faire la différence entre la vie et la mort. Il faut toutefois se rappeler que le patient ne peut survivre à sa maladie et rien ne pourra changer cela. Les choix qui seront faits ne décideront pas de la vie ou de la mort de la personne, mais plutôt de la façon dont elle vivra ses derniers jours. C’est la maladie qui mènera la personne à son dernier repos, et les décisions de soins doivent viser à optimiser le confort de la personne mourante, dans le respect de ses valeurs.

Voir aussi : Décisions en matière de soins de santé

Quand les êtres aimés sont incapables de venir

Faute de pouvoir se déplacer à l’approche du décès, certains membres de la famille pourraient culpabiliser. Il peut être utile de leur rappeler qu’ils peuvent être tout aussi bien présents par l’esprit et la pensée que physiquement. Qu’ils soient juste de l’autre côté de la porte, dans une autre ville ou dans un autre pays, la distance qui les sépare physiquement de la personne mourante ne diminue en rien les sentiments de proximité qui les unissent.

On dirait que certaines personnes attendent le bon moment pour mourir, par exemple l’arrivée d’un être cher ou, au contraire, un moment où personne n’est au chevet. Les familles qui veillent assidûment le mourant seront peut-être déçues si son décès survient à un moment où ils s’étaient momentanément absentés. On ne sait trop dans quelle mesure il est possible d’attendre un moment d’intimité et de solitude pour mourir, mais l’existence de cette possibilité peut apporter un certain réconfort aux personnes qui, pour un instant, n’étaient pas présentes au chevet du mourant à son décès.

Il arrive parfois que des membres de la famille se présentent quelques minutes seulement après le décès, n’ayant pu arriver à temps après avoir appris que la situation du mourant évoluait rapidement. En pareilles circonstances, il peut-être raisonnable de s’asseoir sur le lit du défunt, de prendre sa main et de dire quelques mots selon l’inspiration du moment.