« J’ai eu beaucoup de difficulté à trouver les mots pour dire à ma femme que je voulais l’AMM [...] Je ne voulais pas qu’elle pense que je voulais la quitter. Nous avons beaucoup pleuré, nous sommes tous les deux tristes, mais je ressens un immense soulagement. »
Vous vous demandez peut-être comment annoncer la nouvelle à votre famille et à vos amis. Beaucoup de personnes sont mal à l’aise de parler de la mort et de la fin de vie. Il n’est pas toujours facile d’aborder le sujet, et encore moins la mort médicalement assistée. C’est à vous de décider à qui vous voulez faire part de votre décision. Certaines personnes veulent que tout le monde le sache. D’autres y voient une affaire privée et préfèrent que seules leur famille ou une autre personne soient au courant.
Vous savez sans doute déjà si un de vos proches est susceptible de s’opposer fortement à votre choix. À vous de décider si vous désirez lui en parler ou non.
Vous avez la maîtrise de la situation. Si vous avez besoin d’aide pour parler à vos proches, parlez-en à votre équipe soignante ou au bureau d’AMM.
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Pour amorcer la conversation, vous pourriez dire :
« J’aimerais te parler de quelque chose d’important. »
Vous pouvez ensuite enchaîner de la façon suivante :
« Je ne sais pas comment tu vas réagir, mais je tenais à te parler de mes réflexions et de mes souhaits. »
C’est une façon de donner le ton, d’attirer l’attention de la personne et de l’avertir que la conversation pourrait être émotionnellement difficile. Cette « préparation » peut être bénéfique pour la personne. Vous pourriez faire une pause pour vous assurer qu’elle vous écoute avant de continuer, par exemple de la façon suivante :
« Je souffre de ____ depuis un certain temps. »
ou
« J’ai peur de souffrir plus tard à cause de ___. »
ou
« Savais-tu que l’aide médicale à mourir est maintenant légale au Canada? »
Dites à la personne depuis combien de temps vous pensez à l’AMM et pourquoi, et décrivez-lui votre souffrance. Précisez aussi si vous voulez obtenir l’AMM dès que possible, si vous avez une date en tête ou s’il s’agit d’une possibilité que vous aimeriez garder en réserve pour plus tard. Si l’idée que l’AMM soit une possibilité vous soulage, dites-le-lui.
Vous avez peut-être peur de faire de la peine à vos proches ou qu’ils se mettent à pleurer et que la tristesse et d’autres émotions vous envahissent. Même s’ils savent que vous souffrez et appuient votre demande d’AMM, ils ressentiront de la tristesse à l’idée de vous perdre, tout comme vous ressentirez de la tristesse à l’idée de les quitter.
Si vous avez peur du jugement de vos proches, sachez que la plupart des gens, qu’ils soient pour ou contre l’AMM, appuient le droit de la personne de prendre ses propres décisions. Les personnes qui vous aiment et qui tiennent à vous ne veulent pas vous voir souffrir. Souvent, après avoir eu la chance de parler avec la personne des pensées et émotions qui l’habitent, les amis et la famille réagissent avec compréhension et bienveillance.
« Après avoir entendu ma mère décrire sa souffrance et en avoir constaté l’ampleur, j’ai compris que l’important, ce n’étaient pas mes propres espoirs et perceptions, mais bien de l’aimer et de l’appuyer par tous les moyens, y compris dans son choix de demander l’AMM. »
Apprendre qu’un proche est atteint d’une affection incurable peut provoquer des sentiments de deuil presque immédiats. Il n’est pas facile non plus de vivre des pertes successives et de voir la personne souffrir.
Écouter la personne décrire sa souffrance et ses raisons de demander l’AMM vous a sans doute permis de mieux comprendre ce qu’elle vit. Vous oscillez peut-être vous-même, comme elle, entre la tristesse et le soulagement. Ce genre d’échange peut mener à d’autres conversations importantes sur la relation qui vous unit et ce que vous signifiez l’un pour l’autre.
Vous pourriez aussi être sous le choc, trouver que les choses vont trop vite et craindre de ne pas avoir le temps de vous préparer. Vous ressentez peut-être de la colère, du ressentiment, de la déception ou encore un sentiment de trahison ou d’abandon. Souvenez-vous que la personne n’a pas choisi de souffrir d’une maladie incurable ou d’être sur son déclin, mais bien de mettre un terme à ses souffrances et, dans bien des cas, de reprendre les commandes de la situation.
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