Si vous êtes prestataire de soins et que vous souhaitez améliorer vos pratiques en les rendant plus inclusives, vous vous demandez peut-être par où commencer. Un bon point de départ peut être de faire le choix conscient de réévaluer vos pratiques et de les modifier pour que tous et toutes – pas seulement les personnes 2SLGBTQ+ – se sentent bienvenu.e.s et soient traité.e.s avec respect.
Les soins de santé inclusifs sont importants pour tous les patient.e.s, mais les personnes en situation de maladie avancée sont encore plus vulnérables et ont encore plus besoin de soins respectueux et compatissants. Quel que soit votre rôle, pratiquer l’inclusion vous aidera à offrir des services de soins de santé tenant compte des préférences de vos patient.e.s tout en répondant à leurs besoins.
« N’importe qui peut se dire ouvert et bienveillant, sans avoir la moindre idée de ce que vivent les LGBTQ+ ni de la bonne façon de nous soutenir dans le deuil. »
« Je connais des tas de gens qui s’épuisent à éduquer des professionnels. Ce système-là est censé avoir été construit pour nous aider, mais en fait, il ne sait pas quoi faire de nous. Pour quelqu’un qui a plusieurs identités croisées, ce poids s’alourdit sans cesse. »
En vous engageant à faire un examen régulier et constant de vos attitudes, de vos croyances et de vos émotions, vous serez plus conscientisé.e et vous pourrez vous ajuster au quotidien en fonction des besoins. Lorsque vous interagissez avec les patient.e.s, réfléchissez aux biais et préjugés que vous pourriez avoir. Par exemple, quels sont vos opinions et sentiments concernant les personnes 2SLGBTQ+ par rapport à la grossesse, l’adoption, la maternité de substitution, la parentalité et la réassignation de genre?
« Très souvent, quand il est question des transgenres, on parle de dysphorie de genre. On n’entend jamais parler d’euphorie de genre : ce que tu vis quand ton corps correspond enfin à la personne que tu sais que tu es. »
Il peut être bon de de porter une attention particulière aux suppositions que vous pourriez faire à propos du nom d’une personne, des pronoms qu’elle utilise ou de son apparence. Si vous n’en tenez pas compte, ces suppositions peuvent vous mener à tirer des conclusions inexactes, ce qui peut nuire à votre relation avec le ou la patient.e ou ses proches. Voici quelques exemples d’erreurs à éviter :
- Se méprendre sur l’identité de genre d’une personne
- Présumer de l’orientation sexuelle d’une personne
- Présumer qu’une personne ayant une cirrhose boit beaucoup d’alcool
- Présumer du genre du ou de la partenaire d’une personne
« Les membres des communautés LGBTQ ont souvent une “parenté choisie”. Ce sont ces personnes-là qu’ils veulent voir les soutenir et prendre des décisions en leur nom. »
Vos attitudes et vos croyances ont une grande influence sur vos émotions. Si vous faites attention à ce que vous ressentez, vous parviendrez peut-être à reconnaître les messages ou indices que vous transmettent ces réactions émotives. Prenez le temps de faire l’examen de vos interactions. Ainsi, vous prendrez conscience de vos forces et de vos faiblesses et pourrez ensuite élaborer des stratégies pour améliorer vos pratiques.
« L’équipe de soins a refusé de m’inclure dans la conversation sur la santé de ma partenaire. Ce refus a eu un dur impact sur mon deuil. Cela fait un an, j’en pleure encore, ce qui ne me ressemble pas. Je me sens tellement démunie face au système de santé! C’est une expérience déshumanisante : le manque de dignité, le manque de respect. »
Une partie importante de votre travail consiste à vous renseigner sur votre patient.e et ses besoins en matière de soins de santé. Vous obtiendrez ces informations par ses réponses à vos questions, qu’elle vous communiquera de vive voix ou par l’entremise de formulaires.
« Je n’ai jamais eu la moindre indication que je pouvais parler librement de mon activité sexuelle à mon médecin de famille. Il savait que je suis gai, mais il n’en parlait pas. Il ne m’a jamais posé de questions sur mon activité sexuelle, alors il n’a prévu ni tests ni suivi. Il aurait pu m’interroger, par curiosité, d’une manière réceptive. Il avait besoin de cette information, mais nous nous sommes tous les deux retenus d’en parler. Nous avons éludé cette conversation. »
Faites attention à la formulation des questions, car c’est un élément important de la prestation de soins inclusifs. Parfois, des questions qui semblent tout à fait correctes à vos yeux peuvent s’avérer troublantes ou blessantes pour d’autres.
« J’aime les formulaires où on peut indiquer son nom à la naissance et son nom de choix : “Kathleen” et “Katie”, par exemple. Ce choix est également pratique pour quelqu’un qui n’utilise pas son nom genré. La donnée “sexe biologique” ne me dérange pas, mais je n’aime pas la notion de pronom “de préférence”. Pour moi, c’est juste mon pronom, ce n’est pas une préférence. »
Voici quelques exemples :
Au lieu de dire :
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Dites plutôt :
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Vous voulez que j’utilise votre vrai nom ou votre nom usuel?
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Par quel nom aimeriez-vous que je vous appelle?
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Êtes-vous un homme ou une femme?
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À quel genre vous identifiez-vous?
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Ça vous va si je m’adresse à vous au féminin?
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Quels pronoms voulez-vous que j’utilise?
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Avez-vous toujours été gai?
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Puis-je vous demander votre orientation sexuelle?
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Avez-vous tenté de reprendre contact avec votre famille?
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Qui considérez-vous comme vos proches?
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Comme vous, vos patient.e.s ont leurs propres attitudes, croyances et émotions. Gardez à l’esprit que bien des personnes 2SLGBTQ+ ont eu des expériences négatives avec des prestataires de soins de santé par le passé. Votre façon d’aborder ces interactions vous permettra d’établir avec chaque patient.e une meilleure relation, empreinte de confiance.
« Je suis allé voir un nouveau généraliste pour parler de ma transition. Il m’a dit que j’étais son premier patient transgenre, que c’était donc une nouvelle expérience pour lui. Il avait la volonté d’apprendre et de m’aider. Ça m’a surpris de voir comme tout avançait vite, la documentation, les références… Je pense que notre relation nous a tous les deux aidés. »
En tant que prestataire de soins de santé, vous avez tout intérêt à faire de l’inclusion une partie intégrante de votre vie. Voici quelques façons d’y parvenir :
- Renseignez-vous sur les pronoms par lesquels une personne souhaite être désignée et utilisez-les correctement.
- Renseignez-vous et renseignez les autres à propos des différentes sources d’oppression pour les personnes 2SLGBTQ+ en lisant, en écoutant et en visionnant du matériel informatif provenant de sources fiables.
- Dénoncez les paroles et les gestes discriminatoires dont vous êtes témoin.
- Déterminez l’origine de votre éventuel malaise et tâchez de le diminuer ou de l’éliminer.
- Sollicitez des commentaires et acceptez les critiques éventuelles.
- Contribuez à la mise en place de nouvelles pratiques non discriminatoires dans votre milieu de travail.
Les soins inclusifs sont bénéfiques pour les patient.e.s, pour les prestataires de soins et pour le système de santé.
« On a toujours eu ces formulaires d’admission. Je n’avais jamais réalisé à quel point ils étaient désuets. Le fait d’avoir changé certaines formulations nous permet de mieux cerner nos patients. Ça m’aide à me préparer et ça permet aussi de détendre l’atmosphère lors des premières rencontres. »
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