Au Canada, les gens ont tendance à penser que, puisque les droits des personnes 2SLGBTQ+ sont en grande partie protégés par la loi, « tout va bien maintenant ». Toutefois, même s’il y a eu beaucoup de progrès, la vie des personnes 2SLGBTQ+ est toujours affectée à différents degrés par l’oppression et la discrimination d’hier et d’aujourd’hui. Il y a des personnes 2SLGBTQ+ qui se font refuser un logement ou un emploi sans pouvoir prouver qu’elles ont été victimes de discrimination et qui, parfois, ont trop peur de porter plainte.
« À mon premier rendez-vous au centre de soins, j’ai vu, en entrant, la photo d’un enfant et d’un gros cerf-volant arc-en-ciel. C’est cette première image qui m’a mis à l’aise. En fait, ça n’avait aucun rapport. C’est une photo du petit-fils de la directrice, qui n’avait pas du tout conscience du fait que le cerf-volant était aux couleurs de l’arc-en-ciel. Il n’y avait pas la moindre intention. »
Un.e allié.e est une personne qui reconnaît le besoin de se responsabiliser et d’agir pour mettre fin à la discrimination et à l’oppression qui nuisent aux personnes 2SLGBTQ+.
Lorsqu’on souhaite devenir un.e allié.e 2SLGBTQ+, il est utile de se questionner de manière honnête et réfléchie sur ses expériences de vie. Cela n’implique pas que vous n’ayez jamais souffert d’une forme ou d’une autre de discrimination ou que vous deviez vous sentir coupable. Il s’agit plutôt de réfléchir aux moyens que vous pouvez prendre pour opérer des changements qui permettront aux membres des communautés 2SLGBTQ+ de bénéficier des mêmes privilèges que vous avez en tant que personne non 2SLGBTQ+.
Devenir un.e allié.e peut également créer des occasions de construire des ponts ou de nouer des alliances potentiellement utiles pour vous et les autres membres de votre communauté, puisqu’il en résultera un soutien mutuel. Par exemple, certains groupes du mouvement Black Lives Matter et des communautés 2SLGBTQ+ se sont unis pour dénoncer la discrimination et l’oppression. La maxime « Rien sur nous sans nous » vous aidera à être un.e bon.ne allié.e puisqu’elle vous rappellera que votre soutien est le bienvenu, mais que vous ne pouvez pas parler à la place des autres.
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Bien des personnes 2SLGBTQ+ ont eu des expériences négatives avec le système ou les prestataires de soins de santé; par exemple, celles qui ont connu l’épidémie du sida et qui ont vu de nombreux ami.e.s mourir à une époque où il y avait très peu de compréhension et de soutien.
Voici quelques exemples de difficultés et obstacles auxquels les personnes 2SLGBTQ+ peuvent faire face :
- Invisibilité et visibilité : Ne pas être « vu.e » ou représenté.e peut être une forme d’oppression, tout comme se sentir ciblé.e ou forcé.e de révéler son identité de genre ou son orientation sexuelle. Rester « dans le placard », s’en faire sortir malgré soi ou devoir constamment mesurer le pour et contre de le dire ou de ne pas le dire est épuisant, stressant et peut avoir un impact négatif sur les soins offerts à une personne.
- Présomption du genre : Si l’apparence d’une personne ne correspond pas au sexe qu’on lui a attribué à la naissance, elle peut faire face à de la discrimination sous différentes formes, y compris le refus des autres de respecter son identité de genre ou d’utiliser les pronoms correspondants. Elle peut aussi faire l’objet de moqueries, ne pas être prise au sérieux ou être traitée avec hostilité.
- Fierté et honte : Même si le mouvement de la Fierté est l’une des réussites les plus évidentes des communautés 2SLGBTQ+, il se peut que certaines personnes ressentent toujours de la honte en raison d’expériences personnelles antérieures ou de la discrimination dont elles ont été victimes par le passé, au Canada ou ailleurs. Ce sentiment peut les faire hésiter à divulguer à leurs prestataires de soins des renseignements importants à propos d’elles-mêmes ou de leurs relations.
- Traumatismes et violence : Les personnes 2SLGBTQ+, en particulier les jeunes, sont susceptibles d’être exposées à la violence physique, sexuelle et émotive, ou encore aux crimes haineux. De plus, certaines personnes immigrantes ou réfugiées peuvent avoir vécu des expériences traumatisantes avant d’arriver au Canada. Les effets à long terme de ces traumatismes sont parfois importants et, s’ils ne sont pas reconnus, peuvent mener à la dépression, à l’anxiété, au suicide ou à la toxicomanie. Ils risquent également d’être ravivés en cas de mauvais traitements de la part des prestataires de soins.
- Pauvreté et itinérance : Les personnes 2SLGBTQ+ qui vivent dans la pauvreté ou dans la rue peuvent être aux prises avec la toxicomanie, les maladies mentales ou d’autres problèmes de santé. Elles ont généralement un accès limité et difficile aux soins de santé, et en particulier aux soins inclusifs.
- Isolement social : Il est commun pour les personnes 2SLGBTQ+ de devoir couper les ponts avec leur famille biologique en raison de leur identité de genre ou de leur orientation sexuelle. Les personnes âgées 2SLGBTQ+ font face à un isolement accru à mesure qu’elles vieillissent, ce qui peut accentuer les risques pour leur santé.
L’homophobie, la biphobie et la transphobie sont souvent associées à d’autres formes de discrimination, par exemple le racisme. Les personnes 2SLGBTQ+ subissent parfois une discrimination identitaire additionnelle en raison de leurs identités culturelles, non seulement dans la société en général, mais aussi au sein de leurs communautés culturelles et de leurs communautés 2SLGBTQ+.
« On ne peut pas entrer dans une salle et savoir qui est racialisé, qui a un handicap, qui est queer, qui est trans. Comme l’identité des gens ne saute pas toujours aux yeux, ça peut amener une certaine paresse. On se dit : “je ne vois pas d’handicapés, alors c’est inutile de s’occuper de ceci ou cela”, ou “personne n’a l’air d’un trans, alors on n’a pas à se soucier des pronoms”. »
Chaque personne 2SLGBTQ+ est unique et il y a plusieurs choses que vous pouvez faire en tant qu’allié.e :
- Examinez vos propres préjugés à propos des personnes 2SLGBTQ+ sur des sujets comme la grossesse, l’adoption, l’apparence, la réassignation de genre, etc.
- Si vous éprouvez un certain malaise, explorez les origines de celui-ci et prenez des mesures pour le réduire ou l’éliminer.
- Renseignez-vous et renseignez les autres à propos des différentes sources d’oppression pour les personnes 2SLGBTQ+ en lisant, en écoutant et regardant du matériel informatif provenant de sources fiables.
- Participez à des séances de formation sur la diversité et l’inclusion.
- Faites un effort conscient pour demander des commentaires, les écouter et les accepter, et ce, même s’il s’agit de critiques.
- Enquérez-vous des pronoms à employer et respectez-les en tout temps.
- Dénoncez les propos ou les gestes discriminatoires dont vous êtes témoin.
- Écoutez attentivement les préoccupations des personnes 2SLGBTQ+.
- Posez des questions sur les pratiques discriminatoires envers les personnes 2SLGBTQ+ dans le milieu de la santé, ou contestez-les.
- Informez-vous sur les activités et les accomplissements des personnes 2SLGBTQ+ et de leurs communautés.
- Recherchez des façons de nouer des liens et d’offrir du soutien (p. ex. en assistant à un événement de la Fierté, en faisant du bénévolat au sein d’un organisme 2SLGBTQ+ ou un don à un tel organisme).
« Quand mon conjoint était aux soins palliatifs, il est venu une infirmière qui avait un arc-en-ciel sur son porte-nom. Ça m’a vraiment rassuré de voir ça. C’était comme si nous, ce que nous étions, ça lui était familier. J’ai su que j’avais une alliée, quelqu’un qui savait quelque chose de ma vie, de mon monde. »
Ressources :