Les évaluations
« La première rencontre m’inquiétait beaucoup — je voyais ça comme un examen —, mais le médecin m’a tout de suite mis à l’aise [...] C’était plus une conversation qu’un examen. »
Votre équipe soignante ou le bureau d’AMM de votre région organisera deux évaluations. Ces évaluations (ou évaluations de l’admissibilité) sont obligatoires et réalisées par deux praticiens différents. Elles ont généralement lieu en personne, mais peuvent aussi se dérouler par télémédecine ou vidéoconférence (via Zoom ou FaceTime). Souvent, un infirmier ou un travailleur social de l’équipe d’AMM assistent aussi à la rencontre.
Si vous êtes susceptible de mourir dans un avenir prévisible, les évaluations sont organisées dès que possible.
Si vous n’êtes pas susceptible de mourir dans un avenir prévisible, un des deux évaluateurs doit avoir une expertise relative à votre état médical. Sinon, ils doivent consulter un praticien qui possède une telle expertise. La loi indique que le processus d’évaluation doit durer au moins 90 jours à partir du jour où commence la première évaluation.
Le praticien de l’AMM aura une rencontre avec vous et toute autre personne que vous souhaitez présente pour discuter et vérifier que :
- Vous avez toute l’information nécessaire pour prendre votre décision.
- Vous remplissez les critères d’admissibilité décrits dans la loi.
- Personne ne vous met de la pression. La décision doit venir totalement de vous.
- Vous êtes au courant de toutes vos options, y compris les soins palliatifs.
- Vos éventuels besoins insatisfaits ont été identifiés et explorés pour voir s’il y aurait des façons d’apaiser vos souffrances qui seraient acceptables pour vous et que vous n’auriez pas considérées.
- Vous comprenez ce qui va se passer le jour de l’AMM.
Si vous n’êtes pas susceptible de mourir dans un avenir prévisible, on vous informera aussi des façons d’atténuer vos souffrances (p. ex. counseling, soutien en santé mentale, soutien pour les personnes handicapées et services communautaires en plus des soins palliatifs). L’accès à ces services doit obligatoirement vous être offert.
En savoir plus
Il est recommandé que vos proches assistent à au moins une des deux évaluations, voire aux deux. S’ils ne peuvent être présents en personne, il est possible d’organiser une conférence téléphonique ou vidéo. Ils pourront ainsi :
- Écouter vos raisons de demander l’aide médicale à mourir.
- Vous écouter décrire à quel point vous souffrez ou anticipez la souffrance.
- Savoir la date, l’heure et l’endroit que vous avez choisis, et qui vous aimeriez inviter.
- Se faire décrire le processus par des experts et avoir la chance de poser des questions.
- Rencontrer les membres de l’équipe d’AMM qui pourraient être présents lorsque vous recevrez l’AMM.
- Comprendre que personne ne peut prendre cette décision à votre place et que vous pouvez changer d’avis à tout moment.
- Se sentir mieux préparés si vous décidez de recourir à l’AMM et tout de suite après la rencontre.
- Être une source de soutien immédiat les uns pour les autres, et pour vous.
Ces conversations peuvent être éprouvantes, mais il est souvent plus facile de composer avec la réalité que de s’imaginer des choses.
Peut-être préférez-vous que votre famille n’assiste pas aux évaluations. Il vous appartient de décider si vous souhaitez sa présence ou pas.
Ces évaluations pourraient faire remonter à la surface la tristesse que vous et vos proches ressentez au sujet de votre état de santé et de vos souffrances. Ce moment difficile est toutefois une occasion d’avoir des conversations importantes.
Parmi les autres choses que vous pourriez ressentir :
- Anxiété : Il est normal d’avoir peur de l’inconnu. Vous pourriez appréhender le moment de l’évaluation. Vous avez peut-être peur de ne pas être admissible et l’impression de « passer un examen ». Ce n’est pas inhabituel. L’équipe d’AMM fera de son mieux pour vous mettre à l’aise.
- Surréalisme : Il n’est pas nécessairement évident de discuter et planifier sa propre mort de façon aussi concrète. Ce processus est souvent décrit comme « surréaliste » par les personnes qui le vivent.
- Soulagement : Vous ressentez peut-être du soulagement, en particulier parce que le processus avance. Beaucoup de personnes souffrant de problèmes médicaux graves et sentant leur état se détériorer sont habitées par l’idée de mettre fin à leurs souffrances et soulagées que l’AMM soit une possibilité. D’autres sont envahies par la tristesse à l’idée de quitter leurs proches. La plupart du temps, les deux sentiments cohabitent.
- Rassurance : Il peut être rassurant de savoir que même si votre demande est approuvée, vous n’avez pas à choisir de date tout de suite et vous n’avez jamais l’obligation de recevoir l’AMM. Vous pouvez changer d’avis à tout moment.
- Frustration : Certaines personnes éprouvent de la frustration d’avoir à traverser le processus d’évaluation quand leurs raisons de demander l’AMM leur semblent si évidentes. La deuxième évaluation pourrait aussi vous sembler fastidieuse et redondante, surtout si vous n’allez pas bien et que vous ressentez beaucoup de fatigue.
Parler des émotions et pensées qui vous habitent avec votre famille, vos amis proches, un conseiller, un guide spirituel ou un prestataire de soins de santé peut vous aider.
Si vous avez peur que vos médicaments compromettent votre capacité de participer aux évaluations, parlez-en à vos prestataires de soins de santé et évaluateurs.
Si vous avez assisté aux évaluations, vous ressentez peut-être des choses similaires : tristesse, anxiété, surréalisme, rassurance. Il a peut-être été bouleversant de vous rendre compte à quel point la personne souffrait ou depuis quand elle pensait à l’AMM. À l’inverse, peut-être que vous le saviez déjà et en aviez parlé ensemble à plusieurs reprises.
L’information est parfois difficile à absorber d’un seul coup. Vous ne savez peut-être pas comment annoncer la nouvelle à la famille et aux amis proches, si c’est ce qu’on vous a demandé.
Si c’est possible, il peut être utile de faire le point ensemble sur les émotions et les questions qui vous habitent mutuellement.
En savoir plus
Le praticien de l’AMM vous en informera dès que possible. Si votre mort est raisonnablement prévisible, vous aurez la réponse peu de temps après la fin du processus d’évaluation.
Si votre mort ne se situe pas dans un avenir prévisible, la période d’évaluation doit durer un minimum de 90 jours. Vous aurez vraisemblablement à patienter un certain temps avant de savoir si votre demande est approuvée.
La plupart des gens ressentent un soulagement intense lorsque leur demande est approuvée, mais parfois aussi des sentiments partagés. Vous pourriez ressentir une grande tristesse à l’idée que votre vie achève, et craindre les répercussions de votre mort sur certains membres de votre famille. Si vous êtes prêt(e) à faire vos adieux, ce n’est pas nécessairement le cas de vos proches.
Certaines personnes disent que la confirmation de leur admissibilité à l’AMM les a aidées à se détendre et à vivre le moment présent à fond. N’oubliez pas que même si votre demande est approuvée, vous n’avez jamais l’obligation de recevoir l’AMM.
Si un de vos deux évaluateurs détermine que vous ne remplissez pas les critères d’admissibilité, vous pouvez :
- Demander d’autres évaluations.
- Poursuivre les traitements pour votre maladie ou handicap.
- Continuer les soins palliatifs.
- Interrompre vos traitements, en partie ou en totalité.
Vous pourriez ressentir toute une gamme d’émotions : bouleversement, colère, frustration, déception, soulagement. Parler avec un prestataire de soins de santé ou un conseiller pourrait vous faire du bien.
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