Une mort médicalement assistée

« J’ai toujours eu peur de la mort, de voir un cadavre. Mais comme elle avait l’air bien, j’étais à l’aise moi aussi. »

 

« Ça peut sembler bizarre parce que c’était dur, mais j’ai trouvé ça beau. »

 

« Je ne pensais pas que ça pouvait être une expérience aussi paisible, positive et affirmative. »

 

Le jour venu, il est normal de ressentir toutes sortes d’émotions, que ce soit la tristesse de quitter ceux qu’on aime ou le soulagement à la perspective de ne plus souffrir. On a conscience de vivre ses derniers moments avec les autres, ce qui peut être difficile. Parfois, la journée se déroule comme prévu. Il arrive aussi que les souhaits ou les options possibles changent en cours de route.

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Arrivée de l’équipe d’AMM

Un des praticiens de l’AMM arrivera au moment prévu, possiblement en compagnie d’un infirmier et/ou d’un travailleur social ou d’autres membres de l’équipe. Même si le processus a été expliqué lors des évaluations, le praticien réexpliquera le tout à la personne et à toute autre personne présente, et répondra à toutes les questions. Il s’entretiendra ensuite seul à seul avec la personne et lui demandera si elle souhaite toujours recevoir l’AMM à ce moment-là. La personne devra alors donner son consentement (à moins d’avoir perdu la capacité de consentir, mais d’avoir signé une renonciation au consentement final). Le praticien donnera à la personne la possibilité de décider de ne pas recevoir l’AMM ou de changer la date.

Veillez à ce que le praticien de l’AMM soit au courant de toute demande spéciale (musique, prières, purification par la fumée, lecture, etc.) ou de tout autre rituel prévu pour qu’il puisse en tenir compte dans l’administration de l’AMM.

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Le processus

Souvent, après avoir recueilli le consentement de la personne, le praticien sort de la pièce pour remplir différents documents et préparer les médicaments. Une aiguille (en prévision de l’injection intraveineuse) est ensuite insérée dans une veine de la personne par le praticien ou un infirmier. Si désiré, l’équipe laissera la personne seule avec ses proches pour qu’ils puissent faire leurs derniers adieux. Le praticien aidera aussi les proches à se placer dans la position désirée par la personne (p. ex. s’étendre près d’elle, lui prendre la main, rester ou non dans son champ de vision). 

Quand la personne sera prête, le praticien lui demandera une dernière fois si elle souhaite procéder. Si la personne répond oui, le praticien injectera les médicaments par voie intraveineuse.

  1. Le premier médicament a pour effet de détendre profondément la personne, qui commencera à perdre conscience. Certaines personnes marmonnent quelques mots incompréhensibles. D’autres ronflent, bâillent ou prennent une ou deux grandes respirations.
  2. Le second médicament plonge la personne dans un coma profond. Souvent, la bouche s’ouvre en raison de la relaxation de la mâchoire.
  3. Le troisième médicament arrête la respiration et le cœur, ce qui cause la mort. Comme la personne est dans le coma, elle n’a pas conscience que son cœur et ses poumons se sont arrêtés. Elle ne perdra pas le contrôle de ses intestins ou de sa vessie. Son visage et son corps perdront graduellement leur couleur.

Tous les médicaments seront administrés, même si la personne semble déjà morte. Le praticien utilisera son stéthoscope pour vérifier que le cœur ne bat plus et déclarera la mort devant les personnes présentes. Le corps deviendra froid au toucher et la peau changera graduellement de couleur. 

Il faut généralement de 5 à 20 minutes pour administrer tous les médicaments, et pour que le cœur s’arrête. Souvent, lorsque la personne est très malade, la mort survient après quelques minutes seulement.

Même si les prestataires d’AMM font de leur mieux pour préparer les personnes présentes au passage soudain de la vie à la mort, la rapidité de ce passage surprend souvent les proches. La mort médicalement assistée est généralement qualifiée de paisible et sans douleur par les professionnels de la santé et les familles qui y assistent.

Bien que le suicide assisté (où la personne prend elle-même les médicaments prescrits par voie orale) soit légal au Canada, il est encore rare. Dans de nombreux territoires et provinces, le seul type d’aide médicale à mourir possible est l’injection intraveineuse de médicaments par un médecin ou un infirmier praticien.

Familles et amis : les moments qui suivent immédiatement le décès

L’équipe d’AMM sera là pour aider les personnes présentes immédiatement après le décès. Si désiré, elle peut appeler le salon funéraire. Elle remplira les documents nécessaires, y compris le certificat de décès.

Une fois la personne décédée, vous voudrez peut-être observer un moment de silence ou dire quelques mots. Certaines personnes veulent toucher le corps. D’autres réagissent en sanglotant ou en gardant le silence. D’autres encore ont besoin de quitter la salle ou veulent passer du temps avec le corps.

Il n’est nullement urgent de remettre le corps aux professionnels de la santé ou au salon funéraire. Vous avez peut-être d’importants rites religieux, spirituels ou culturels à observer, et il est important de prendre tout le temps désiré ou nécessaire. Une mort médicalement assistée demande beaucoup de préparation. Comme elle donne la possibilité de faire ses adieux avant le décès, bien des proches ne ressentent pas autant le besoin de passer beaucoup de temps avec le corps, contrairement à ce qu’on voit dans les autres types de morts.

À vous de déterminer combien de temps vous voulez passer avec le corps. Faites ce qui vous semble bon. 

Familles et amis : ce que vous pourriez ressentir

La mort peut être difficile à croire dans les moments qui suivent le décès. Toute la situation peut sembler irréelle et difficile à comprendre. Même si on s’était préparé, il est normal de ressentir des émotions intenses lorsqu’un proche décède. Il est aussi possible de ne rien sentir sur le coup ou d'être dans un état second.   

Certaines personnes craignent de mal réagir si elles assistent à une mort médicalement assistée. Elles ont peur de perdre le contrôle ou d’être incapables de faire face à la situation. N’oubliez pas que nous sommes des êtres humains et que nous nous exprimons tous notre douleur à notre façon.

Il n’est pas rare de ressentir un certain soulagement à la mort d’une personne gravement malade. Comme vous teniez à elle, il est normal d’avoir voulu qu’elle ne souffre plus et de commencer à penser à remettre de l’ordre dans votre vie quotidienne. Il n’y a ni bonne ni mauvaise façon de réagir.

La société accorde beaucoup de valeur à la maîtrise de soi, qu’elle associe au fait d’être « fort », mais c’est faire fausse route. Il faut beaucoup de force pour se laisser ressentir et exprimer ses émotions. Ce n’est pas de la faiblesse. De même, ce n’est pas parce qu’on ne montre pas ses émotions qu’on ne sent rien. Parfois, la personne est sous le choc, n’arrive pas à croire que l’être cher est mort ou a du mal à exprimer ses émotions devant les autres. Certains utilisent davantage la pensée que les émotions pour absorber une situation. Chacun doit procéder selon ses besoins, à sa façon et à son propre rythme.

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